Cette belle assemblée générale a réuni 47 personnes (22 salariés·es du jardin, 17 adhérents·es, 7 administrateurs·trices, 1 commissaire aux comptes).
Marianne a présenté les temps forts de l’année 2018 :
Un fort renouvellement d’équipe avec 35 jardiniers·es et 14 sorties (dont 57% de sorties dynamique), ce qui représente 23 577 h. de travail. Il y a eu la visite du Premier Ministre, de la Ministre de la Santé et de la Préfète de Région ! Un élargissement de la gamme de tisanes et un diagnostic réalisé sur la production des tunnels suite à une année de production difficile. Nous sommes bien là sur deux métiers : l’accompagnement socioprofessionnel et la production…
Le thème de l’année, Diversités d’équipes, richesse et difficultés :
Sur le jardin il y a des personnes d’âges différents, d’expériences professionnelles différentes, de niveaux de formation différents, d’origines culturelles différentes, d’éducations différentes, de capacités de travail différentes.
Thomas (encadrant) qui participe a des rencontres interculturelles a expliqué que ce qui nous touche et entre en collision dans la relation interculturelle, c’est la partie invisible et immergée de chacun. C’est ce qu’on est profondément que l’on ne connaît pas vraiment. Ce qui fait qu’on ne comprend pas la réaction de l’autre et pourquoi ça nous touche autant.
Nous sommes tous construits avec une partie connue par nous et par les autres de notre culture : le comportement externe (habillement), des manières (façon de se saluer), des coutumes (façon de faire la fête), un ou plusieurs langues (dialecte, langue officielle), une histoire (contexte global, connu, dans lequel j’ai grandi)…
Et une partie inconnue de nous et des autres de notre culture : la langue (façon de dire les choses, les mots qui ont des réalités différentes), les valeurs (famille, ponctualité, vie, avec des hiérarchies différentes…), des attitudes (face à la mort, la maladie, les risques, le travail, le progrès…), des préjugés, des visions du monde (d’où je viens, la place et le rapport à la foi), un mode de pensée.
C’est cette partie immergée, moins consciente qui réagit, elle est constituée de plus d’émotivité et entraîne un flot d’émotion sans qu’on en comprenne le pourquoi, sans qu’on puisse l’expliquer…
Séverine (encadrante) a illustré ce que veut dire ces différences en pratique sur ce que cela implique dans l’organisation de travail et pour l’équipe.
Différences d’expériences professionnelles :
Richesses : Les salariés donnent les notions de travail aux salariés qui n’en ont pas aux travers des échanges, des savoirs êtres, le départ du jardin des uns pour un contrat en entreprise… Difficultés : Réussir à maintenir le salarié expérimenté dans un rythme proche du travail (responsabilisation, formation sur des tâches spécifiques comme le tracteur…).
Différences d’origine culturelle :
Richesses : apprendre les coutumes des autres (mariage, éducation, enfants, famille…), échanges joyeux et animés, partage de son identité propre profonde. Difficultés : Constitution des équipes, le défi de la tolérance plutôt que du rejet, chocs culturels, comment respecter chacun avec ses valeurs.
Les différences de capacité de travail :
Richesses : Augmentation de la tolérance à l’autre, les motivations et les intérêts tout comme les capacités physique sont différentes chez chacun. Difficultés : Faire tourner sur les tâches de travail au mieux tout en considérant les capacités de travail de chacun. C’est un travail qui reste physique, pas besoin de force mais de la résistance.
Anne-Christelle (accompagnatrice socioprofessionnelle) a accompagné le témoignage des jardiniers·es.
Cécile (jardinière) a dit : « A l’arrivée ici en décembre, j’avais pas tout compris de la fonction du jardin en tant que structure d’insertion et je me suis trouvé différente. Je ne savais pas comment m’intégrer ! J’avais des à priori sur les cultures différentes. Je ne savais pas de quoi on allait parler alors qu’on avait des vies très différentes. Et en fait, ça s’est fait très facilement. »
Alexa (jardinière) : « Avant de travailler ici, j’avais pas beaucoup travaillé en France. En sortant de l’entretien, je me suis dit que je ne vais pas m’y retrouver. Et en fait, avant j’étais maman de, fille de, femme de… Le jardin ça m’apporte à apprendre à me connaître moi et à m’exprimer. » Anne-Christelle complète : « Cela lui donne d’autres envies, d’autres possibilités qu’elle rapporte chez elle. »
Cécile ancienne jardinière : « Je n’avais pas d’à priori sur les gens car j’étais isolée. je pensais que les gens sont cons ou pas cons. Et en venant au jardin, j’ai appris à découvrir la face cachée de l’iceberg dont a parlé Thomas et c’est super riche. Même si ça demande un peu de travail. ça m’a appris la patience car il faut s’adapter à chacun et savoir s’adapter aussi à soi-même. Pas besoin de s’énerver, il faut avoir de la patience et c’est une richesse. »
Muriel (animatrice réseau d’adhérents·es) a présenté des témoignages d’anciens·es jardiniers·es. Depuis un an, je suis chargée de recueillir les témoignages des jardiniers·es à leur départ et des anciens·es pour garder une trace de leur passage. Dans ces 25 témoignages recueillis ce sujet est revenu plusieurs fois spontanément ce qui a donné le thème de cette AG.
C. : « Pour moi, c’était les autres salariés qui étaient problématique : ils avaient tous un problème d’alcool et de cannabis. J’avais l’impression d’être avec des gens tarés. Il y avait que Y. et S. qui ne picolait pas et avec qui j’échangeais. C’était un peu fatiguant ! […] Les difficultés des autres salariés me faisait prendre du recul. Je me disais qu’à part un problème d’emploi, j’avais pas de problème.»
Xa. : « C’est bien car c’est multiculturel, multi-religion, multi-personnalité, multi choix de vie. Des fois c’est pas facile, on prend sur soi. Ça me rappelle « les imagiers » quand j’étais enfant où on changeait les habits des personnages de toutes origines en tournant les volets… C’était génial. On n’est pas dans le monde des bisounours, mais c’est enrichissant. Quand on est en ville, à Nantes, c’est un melting-pot, mais c’est impersonnel. Ici, on se rencontre, on travaille ensemble, comme une communauté avec un côté un peu hippie que j’aime bien.
On travaille ensemble sur quelque chose de valorisant car on voit tout du début à la fin. […] Apprendre les gens, ne pas rester à la première impression. Ça s’est intéressant !»
A. : « J’emporte avec moi : Des images, des photos, des personnalités différentes. Parce que je trouve ça bien qu’il y ait différentes personnes, notamment différentes cultures, d’avoir des échanges, c’est bien. C’est ça qui est bien. »
Xo. : « chacun·e arrive ici avec son bagage, ses petits ou grands problèmes, peurs, histoires. Parfois un peu difficile à suivre au quotidien car on est beaucoup et on essaye d’écouter de comprendre comment et pourquoi les copines, les copains sont arrivé·e·s là. […] Mais dans le fond ça fait du bien, on sort de notre petite bulle pour se mettre à la place des autres.
Ça apprend à relativiser. »
Merci à tous les jardiniers pour vos précieux témoignages, ceux-ci, ceux de la Brève… J’ai beaucoup de plaisir à les recueillir, à découvrir vos visions des choses !
Daniel (trésorier sortant) a présenté une dernière fois les budgets du jardin :
Un budget aujourd’hui de 540 000 € alors qu’il était de 340 000 € en 2011. Cela montre une activité en développement (PBS, produits complémentaires comme les tisanes, augmentation de la taille du panier etc…). Une structure saine avec 8 678 € d’autofinancement. Notons un petit déficit de 1 673 € dû aux soucis de production et notons aussi une augmentation de 2,5% de subvention suite aux bons résultats en insertion. Le jardin va contracter un prêt de 15 000 € auprès de la Fondes à titre précautionnel pour financer des investissements en 2019. Daniel dont c’était le dernier exercice a fini par cette phrase : « Celui qui ne connaît pas les Jardins de Cocagne ne connaît rien » et de reprendre le leitmotiv du Réseau Cocagne : « Cultivons la solidarité« . Nous le reverrons puisqu’il continuera à donner des cours de français aux jardiniers·es
Présentation des projets 2019 :
Renforcer le lien avec les entreprises. Organiser une journée sur le thème du 200ème jadinier à l’automne. Développer une activité complémentaire en osier et faire de la production pour les Paniers Bio Solidaires. Rénover les tunnels et en acquérir un nouveau pour permettre la rénovation.
Il y a eu aussi le départ du CA de Bernard (ancien maraîcher) : « J’ai connu Marianne alors qu’elle portait le projet du jardin en 2004. J’ai suivi ses aventures. Et maintenant, je vais passer à autre chose, je vais m’occuper de ma petite fille qui est née mardi. »
Patricia (adhérente) est entrée lors de cette AG au Conseil d’Administration, elle se présente :
« Je suis arrivée au début de l’aventure du jardin en 2006. Dans ma vie privée, je travaille dans l’énergie et je suis administratrice de la FAPE à ENGIE. Donc le monde de l’insertion, ça me parle. Pour moi dans la vie, rien n’est gratuit, le gratuit ne donne pas de valeur aux choses. Travailler, se réinsérer etc… C’est important. Le travail de Marianne et de toute son équipe c’est quelque chose d’extraordinaire.«
Et Marianne de conclure :
« Il reste une place ! Nous sommes demandeur de soutien ! C’est très important car cela nous permet de prendre du recul. Donc n’hésitez pas à nous contacter. Vous pouvez rentrer en cours d’année, c’est simple. Nous aimons bien que les personnes intéressées viennent déjà participer à quelques Conseil d’Administration pour voir ce que c’est avant de se positionner ! » N’hésitez pas à y réfléchir et à relayer cet appel autour de vous. Merci.